Dépression : Sortir de l’ombre et reconstruire une vie qui fait du sens en ergothérapie
- Cassandre Lemire-Chapleau

- 31 janv.
- 8 min de lecture

L’ergothérapie est un atout précieux pour retrouver un équilibre de vie face à un trouble de la santé mentale. Dans cet article, plongeons au cœur de la dépression, ses impacts, ses traitements et la manière dont l’ergothérapie peut transformer les vies.
1. Qu’est-ce que la dépression ?
Karine, une femme de 42 ans, s'est retrouvée plongée dans une période sombre après plusieurs événements éprouvants : une séparation difficile et la perte de son emploi. Chaque journée lui semblait insurmontable, marquée par une tristesse constante et une perte totale de plaisir dans ses activités habituelles. Les heures passées au lit se succédaient, rythmées par des pensées accablantes. Elle peinait à accomplir les tâches les plus simples, comme préparer un repas ou répondre à un message. Son alimentation était négligée, alternant entre des périodes de jeûne involontaire et des fringales incontrôlées. Les nuits, remplies d’insomnie et d’inquiétudes, semblaient interminables. Chaque réveil amplifiait son sentiment d’épuisement, renforçant sa culpabilité et l’impression de ne rien valoir. Les appels de ses proches restaient sans réponse, et elle évitait même de croiser ses voisins. Prisonnière d’un cercle vicieux, Karine se sentait isolée, piégée dans une spirale qui l’éloignait de toute lumière ou espoir d’amélioration.
Selon le DSM-5, la dépression se manifeste par des symptômes persistants tels qu’une humeur dépressive presque toute la journée, une perte marquée d’intérêt ou de plaisir, des troubles du sommeil (insomnie ou hypersomnie), une perte ou un gain de poids significatif sans régime, une fatigue ou perte d’énergie, un sentiment d’inutilité ou de culpabilité excessive, une difficulté à se concentrer ou à prendre des décisions, et des pensées récurrentes de mort ou d’idées suicidaires. Ces symptômes, présents pendant au moins deux semaines, doivent entraîner une détresse significative ou une altération du fonctionnement dans les domaines personnels, sociaux ou professionnels.
Au Canada, 7,6 % des adultes rapportent avoir reçu un diagnostic de trouble dépressif majeur au moins une fois dans leur vie (Statistique Canada, 2023).
Quels sont les impacts fonctionnels ?
La dépression, bien au-delà de l’humeur, perturbe profondément les différentes sphères de la vie quotidienne, créant un effet domino sur le bien-être général de l’individu. Voici une description plus détaillée de ses impacts fonctionnels :
Soins personnels : La dépression peut entraîner une négligence des soins personnels. L’individu peut éprouver une fatigue extrême qui l’empêche de prendre soin de son hygiène quotidienne (comme se laver, se coiffer ou s’habiller de manière adéquate). Les tâches qui semblaient automatiques auparavant deviennent un fardeau, et la personne peut se sentir démotivée à se mettre en action.
Tâches domestiques : Les tâches ménagères, qui nécessitent généralement une certaine organisation et motivation, deviennent accablantes pour une personne déprimée. Faire la vaisselle, nettoyer, ou simplement ranger peut sembler être une montagne insurmontable, augmentant le sentiment de surcharge et de culpabilité.
Vie familiale : La dépression peut entraîner un retrait des activités familiales. La personne peut avoir du mal à s’investir dans les interactions familiales, se sentant irritée, distante ou émotionnellement absente. Ce retrait peut nuire aux relations familiales et provoquer une détérioration du soutien affectif et familial.
Loisirs : Les activités autrefois appréciées perdent leur attrait. Le manque d’énergie, l’anhédonie (incapacité à éprouver du plaisir), et le sentiment d’impuissance amènent souvent les individus déprimés à abandonner leurs loisirs. Cela peut conduire à un isolement social accru, la personne préférant éviter les interactions sociales ou tout simplement rester à la maison.
Relations sociales : La dépression crée une distance émotionnelle, rendant difficile l’entretien de relations amicales et sociales. Les individus déprimés peuvent se sentir incompris, jugés ou rejetés, ce qui les amène à se retirer davantage. Parfois, ils évitent les invitations ou les rencontres sociales, renforçant ainsi leur isolement et le sentiment de solitude.
Travail : Les impacts de la dépression sur le travail sont multiples. La baisse de motivation, de concentration et de productivité peut mener à des absences fréquentes, voire à un arrêt de travail. La personne peut se sentir incapable de remplir ses responsabilités, ce qui peut entraîner une perte de confiance en soi, des conflits avec les collègues et des répercussions sur la carrière professionnelle. Les conséquences financières peuvent être également significatives si l’arrêt de travail devient prolongé.
Dans l'ensemble, la dépression modifie les fonctions de base du quotidien, affectant non seulement le bien-être psychologique mais aussi la capacité à gérer les activités et à maintenir des liens sociaux et professionnels sains.
Le cercle vicieux de la dépression
Plus on se sent fatigué ou démotivé, moins on agit. Moins on agit, plus on se sent coupable ou inutile. Ce cercle vicieux, tel une spirale de plus en plus serrée, devient chaque jour plus difficile à briser. À chaque échec, l’estime de soi se fragilise, et l’on se retrouve dans une paralysie émotionnelle et mentale. La lutte constante entre l’envie de changer et l’incapacité de trouver l’énergie nécessaire alimente le tourbillon de pensées négatives, rendant la situation de plus en plus accablante.
Dans le cas de Karine, ce cycle s’est intensifié au fil du temps. Après une séparation difficile et la perte de son emploi, elle s’est retrouvée enfermée dans un quotidien où les tâches les plus simples étaient devenues insurmontables. Elle passait de plus en plus de temps au lit, fuyant la réalité, incapable de trouver le moindre plaisir dans ce qu’elle appréciait auparavant. Chaque matin, elle se réveillait déjà épuisée, et chaque geste quotidien, de préparer un repas à répondre à un message, lui semblait accablant. Son alimentation, irrégulière et parfois négligée, et ses nuits d’insomnie alimentaient son épuisement, rendant la culpabilité encore plus envahissante. Elle évitait les appels de ses proches, se sentant coupable de ne pas pouvoir offrir ce qu’elle avait l’habitude de donner, et se retirait de toute interaction sociale, accentuant encore son isolement.
Ce cercle vicieux l’éloignait peu à peu de ses ressources personnelles et sociales. Plus elle se sentait incapable de sortir de ce tourbillon, plus elle se sentait inutile, et plus cette sensation alimentait son retrait. Ce processus rendait son quotidien de plus en plus difficile à supporter, et chaque échec renforçait l'impression qu’il n'y avait pas d'échappatoire.
Parler du désespoir
La dépression peut entraîner des pensées suicidaires. En 2020, le taux de suicide au Canada était de 11,5 pour 100 000 habitants (Statistique Canada). Si vous ou quelqu’un que vous connaissez éprouve ces pensées, contactez le 1-866-APPELLE (1-866-277-3553) pour obtenir de l’aide ou consulter le site web www.suicide.ca où vous pourrez trouver les ressources d’aide à proximité. Un service de clavardage en ligne ou par texto est aussi disponible. Les services sont disponibles en tout temps.
2. Traiter la dépression : Une approche collaborative
La dépression se traite le plus efficacement grâce à une approche interdisciplinaire combinant à la fois des médicaments et des interventions de réadaptation. Tandis que les antidépresseurs aident à stabiliser les symptômes, des interventions comme l’ergothérapie jouent un rôle essentiel en permettant de reconstruire un quotidien plus aligné sur les besoins et les valeurs de l’individu.
Un traitement efficace repose sur l’intégration de différentes perspectives professionnelles, où chaque expert apporte une contribution complémentaire pour soutenir le rétablissement. Le médecin prescrit les médicaments nécessaires et veille à leur efficacité, tandis que le psychologue accompagne la personne dans le travail sur ses pensées et comportements, afin de favoriser un changement de perspective. De son côté, l'ergothérapeute aide à redéfinir un quotidien qui ait du sens, en identifiant les activités significatives pour la personne et en facilitant leur réintégration progressive, afin de restaurer la confiance dans la capacité d’agir et de se reconnecter avec ce qui est important.
En unissant ces approches, cette collaboration interdisciplinaire permet de mettre en lumière des forces souvent cachées par la dépression, et d’offrir un soutien global qui aide à sortir du cercle vicieux et à reconstruire progressivement une vie plus épanouie.
3. Le processus en ergothérapie : Avancer vers une vie significative
L’évaluation initiale : Comprendre pour mieux agir
La première étape consiste à dresser un portrait de votre situation actuelle. Ensemble, nous identifions les zones d’insatisfaction et les obstacles qui freinent le changement. Cette phase permet d’explorer ce qui compte vraiment pour vous et de susciter une étincelle d’espoir. Redécouvrir qu’une vie différente est possible peut marquer le début d’un cheminement positif.
L’intervention : Un pas à la fois
Une fois les insatisfactions ciblées, nous travaillons à redéfinir ce que serait une vie qui fait du sens pour vous. Ce processus comprend :
Mieux comprendre la dépression et ses impacts sur notre fonctionnement.
Reconnaître le cercle vicieux en place et les obstacles aux changements.
Définir une vie différente qui fait du sens pour soi.
Identifier les changements nécessaires pour atteindre cet objectif.
Décomposer chaque étape en actions concrètes et accessibles.
Donner du sens à chaque action entreprise, en les alignant sur vos valeurs.
Accompagner chaque petit succès pour surmonter la montagne, un pas à la fois.
Développer des stratégies et des compétences pour faciliter le changement.
Mettre en place des stratégies pour maintenir les acquis à long terme et prévenir les rechutes.
Ce travail patient et adapté vous permet de reprendre le contrôle de votre vie et de retrouver une harmonie entre vos activités, vos émotions et vos aspirations.
4. Une histoire inspirante
Lorsque Karine a pris contact pour entamer un suivi en ergothérapie, elle se trouvait dans une situation où chaque journée semblait un fardeau. Ce geste de demander de l’aide marquait un premier pas crucial dans son parcours de rétablissement, une démarche courageuse pour sortir du tourbillon de la dépression. Elle a reconnu qu’elle avait besoin de soutien pour briser le cycle de la souffrance, et c’est ainsi qu’a débuté le processus de soin.
Dès la prise en charge, l’ergothérapeute a pris le temps de comprendre l’ampleur des difficultés de Karine et a élaboré un plan d’intervention personnalisé. Lors d’un premier entretien approfondi, Karine a pu exprimer les défis qu’elle rencontrait au quotidien : l’incapacité à accomplir même les tâches les plus simples, comme se lever, se laver ou répondre à un message. Mais au-delà de ces difficultés, l’ergothérapeute a cherché à identifier ce qui avait du sens pour Karine, ce qui était important pour elle dans sa vie. Cette exploration a permis de poser des bases solides pour un plan d’action réaliste, adapté à son état et à ses besoins, tout en tenant compte de ses limites.
L’évaluation a joué un rôle clé dans ce processus. Il s’agissait d’examiner les différents aspects du quotidien de Karine, du soin personnel aux activités sociales, en passant par ses loisirs et ses responsabilités domestiques. L’objectif n’était pas seulement de noter ses difficultés, mais aussi de mettre en lumière les domaines où elle pouvait reprendre pied. Cette phase a permis de découvrir, étape par étape, de petites actions réalisables qui pouvaient apporter du réconfort et redonner un sens aux journées de Karine.
Les interventions se sont progressivement orientées vers des objectifs concrets et accessibles. L’ergothérapeute a travaillé à diviser les tâches complexes en petites étapes simples, en s’assurant que chaque action entreprise ne devienne pas un fardeau. Par exemple, Karine a été invitée à reprendre l’habitude de prendre une douche, un acte qui semblait impossible à accomplir au début. Chaque petit succès, aussi minime soit-il, était célébré et utilisé pour nourrir un sentiment de progression. L’ergothérapeute a également encouragé Karine à redécouvrir des activités qu’elle avait abandonnées, comme la lecture, en modifiant ces activités pour les rendre de nouveau accessibles.
Au fil du temps, Karine a appris à accepter ses progrès sans jugement, à se pardonner pour les moments où elle n’avait pas pu accomplir tout ce qu’elle souhaitait. L’objectif n’était pas de tendre vers la perfection, mais de retrouver des repères et un quotidien plus épanouissant. Chaque action entreprise était ancrée dans ses valeurs personnelles, et ce processus l’a aidée à renforcer sa confiance en elle. Elle a ainsi pu retrouver des ressources, un peu plus chaque jour, pour faire face aux défis de la vie.
Le rétablissement de Karine n’a pas été linéaire. Des jours difficiles sont survenus, marqués par la fatigue et le découragement. Mais l’ergothérapeute a mis en place des stratégies pour l’accompagner dans ces moments difficiles, comme la planification d’activités régulières et des techniques de gestion des pensées négatives. Grâce à ce soutien constant et à la progression pas à pas, Karine a réussi à reconstruire une vie plus alignée avec ses aspirations.
Ce parcours de rétablissement a permis à Karine de redonner un sens à son quotidien. À travers des actions significatives, elle a appris à sortir de l’ombre de la dépression et à bâtir une vie plus épanouie. Chaque petit geste effectué, en accord avec ses valeurs, était une victoire en soi et un pas de plus vers une existence plus riche et plus satisfaisante.
Conclusion
Chaque chemin vers le rétablissement est unique. Chez Au Zénith – Ergothérapie, nous croyons en votre capacité à récupérer votre étincelle. Pour découvrir comment nous pouvons vous accompagner, visitez www.auzenith.ca et commencez votre parcours vers une vie plus lumineuse.







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